Connaissez-vous des personnes réalisant souvent des achats compulsifs, sous le coup d’impulsions incontrôlables, au risque de mettre en péril leurs finances personnelles et celles de leur famille ? Peut-être souffrent-elles d’oniomanie ?
Qu'est-ce l'oniomanie ?
L’oniomanie est caractérisée par des préoccupations financières incessantes.
La personne souffre de comportements incontrôlables, parfois excessifs vis-à-vis des achats. Ces dépenses, souvent inutiles et superficielles, résultent d’un ensemble de facteurs et peuvent s'accompagner de plusieurs émotions contradictoires (joie, sentiment de puissance, excitation, déception...).
Ces achats ne la satisfont pas sur la durée. Une fois réalisés, les objets tant désirés sont acquis et elle peut s'en désintéresser, à plus ou moins brève échéance. D'autres, au contraire, vont préférer acheter les objets les plus chers, les plus "tape à l'œil" pour paraitre riche.
Ces possessions sont alors, pour elle le symbole de leur réussite sociale.
Achat compulsif / impulsif pathologique ?
"Il existe une différence essentielle entre un achat impulsif, sans réflexion avant cet achat occasionnel et l'achat compulsif pathologique. Dans ce deuxième cas, les achats impulsifs se répètent il y a une notion capitale : la personne effectue ces achats sous le coup d'une émotion négative (colère, culpabilité, stress…).
L'oniomanie n'est pas reconnue dans les classifications internationales des troubles psychiatriques, mais plusieurs études affirment qu'elle pourrait toucher jusqu'à 6% de la population..."
Définit Lucia Romo, psychothérapeute cognitivo- comportementaliste
Cette attitude néfaste peut mettre la personne en réelle difficultés financières, créant/ajoutant des conflits au sein de la famille."
Trois profils d’acheteurs compulsifs
L'économiste Cristina Benito décrit, dans son livre "Money thérapie", 3 profils-types d'acheteurs compulsifs :
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Profil du « pyromane ». : l'acheteur ressent un grand besoin de dépenser son argent, aussi vite possible, poussé par une peur incontrôlable de le voir disparaître avant de pouvoir l’utiliser. L’argent lui brûle les doigts. Ces dépenses cachent très souvent, une insatisfaction professionnelle et/ou personnelle.
Profil du « généreux compulsif » : l'acheteur donne aux autres son excédent mais également ce qu’il n’a pas, en matière d’argent ou de temps. Il souhaite ainsi, par le matériel, acheter l'amour pour combler un vide intérieur dû à un manque affectif de l'enfance. Les dépenses représentent pour lui le meilleur moyen de s’assurer l’affection de son entourage.
Profil de « la course du rat » : l'acheteur tourne sans cesse dans sa roue. Son objectif principal est de travailler plus pour gagner plus, afin de pouvoir dépenser plus. Sa logique l'enferme dans une croyance néfaste : « Plus tu gagnes, plus tu dépenses » et finit chaque fin de mois, sur le fil du rasoir, même si ses revenus augmentent considérablement.
Les achats en ligne accentuent le trouble compulsif
L'e-commerce offre la possibilité de commander tout et n'importe quoi facilement, depuis le confort de son domicile. Il représente un véritable piège pour la personne souffrant d'oniomanie. La publicité, omniprésente sur le web, stimule visuellement et auditivement l'acheteur compulsif, augmentant sa tentation de se procurer rapidement la convoitise présentée. Il est alors poussé à la consommation, n'hésite pas à sortir sa carte bleue ou utilisé son compte PayPal pour satisfaire son besoin immédiat, de façon irréfléchie et spontanée.
De plus, la prolifération de boutiques en ligne, d'applications sur les smartphones et la livraison à domicile multiplient les occasions de se réaliser des achats immédiats, souvent inutiles et trop coûteux. "Un simple clic et hop, dans quelques jours, mon désir sera assouvi" pense l'acheteur compulsif, de manière plus ou moins consciente.
La carte bleue n'a pas le même impact que l'argent liquide, sans doute la raison principale qui amène les banques à vouloir le supprimer pour avoir les toutes les traces de nos faits et gestes... (mais cela n'engage que moi).
Comment s'en sortir ?
Il existe, fort heureusement, des solutions. La première est de prendre conscience de sa problématique. L'accompagnement de l'entourage, comme pour toute addiction, est importante, bien entendu, mais SEULE la personne peut changer les choses sur la durée.
1- Se poser les bonnes questions pour réduire les achats compulsifs : "en ai-je réellement besoin ? Est-ce judicieux d'acheter ça maintenant ? Puis-je me le permettre ? Est-ce que je vais l'utiliser régulièrement ?"
2- Eviter tout achat précipité. S'octroyer une nuit de réflexion (la nuit porte conseil) pour peser le pour et le contre. « Acheter ne rend pas heureux. La consommation nous laisse même souvent une sensation de mauvaise conscience et de vide. Il est indispensable de distinguer la dépense utile et nécessaire de l’achat impulsif » précise Cristina Bonnito.
3- Comprendre ses réflexes incontrôlables. S'interroger, à l'écrit, seul face à soi-même, sur son fonctionnement d'acheteur : "Qu'en est-il de mon bien-être ? Ai-je quelque chose à prouver ? A qui ? Pourquoi ? Est-ce que j'investis mon argent et mon énergie dans quelque chose qui compte vraiment pour moi ?"
4- Apaiser son ego mental.
Lors d'une pulsion, utiliser la sophrologie pour apaiser le mental agité. Cette pulsion ne dure que quelques minutes, comme un enfant gâté découvrant un nouveau jouet. Excité sur le moment, il n'y trouvera, quelques jours/heures plus tard, plus le même intérêt... La respiration est essentielle pour se reconnecter à soi et à son véritable besoin. Durant deux minutes, faire des séries de 5/5/5 : "je compte jusqu'à 5 en inspirant, je compte jusqu'à 5 en bloquant ma respiration pour ensuite compter jusqu'à 5 en expirant". Il est possible, lors de l'expiration, de visualiser ces pulsions s'éloigner pour s'en libérer.
La méditation permet d’être en contact avec ses sensations corporelles et vise à identifier l’émotion ressentie pour contrer le phénomène de compulsion. Elle est intéressante pour évincer la multitude de pensées négatives, parfois obsessionnelles, conduisant à l'oniomanie, aux achats compulsifs.
Plus la personne est dépendante de ses achats compulsifs, plus elle utilisera ces 4 points, plus elle augmentera ses chances de libération émotionnelle, associée, si besoin, à un suivi psychologique pour œuvrer sur ses blessures de l'enfance, sa peur du manque, sa relation à l'argent, ses croyances limitantes l'empêchant de s'épanouir au quotidien. Peu à peu, elle se reconnectera à la réalité de la vie et saura se détacher du superficiel pour aller vers elle-même, vers sa vraie nature, vers sa véritable essence. Peu à peu, elle pourra évoluer, avec beaucoup plus de légèreté et de joie, sur son chemin d'évolution.
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